Chers Frères et Soeurs,

« Veillez ou ne pas veillez, telle est la question » que ce premier dimanche de l’Avent nous amène à méditer. C’est aussi ce que à quoi Saint Paul dans le passage de la lettre aux Romains que nous venons d’entendre nous exhorte : « C’est le moment, l’heure est déjà venue de sortir du sommeil ».
« Veillons donc ». Cette invitation se fait pressante dans les Évangiles seulement à deux moments clefs. Et c’est cette double invitation que nous devons faire nôtre alors que nous commençons l’année liturgique en ce dimanche. Tout commencement dans nos vies s’enracine dans la vigilance.
Nous venons d’entendre un passage dans l’Évangile de Mathieu où Jésus en paraboles et en images parfois difficiles à interpréter nous parle de la fin. L’évocation de ce moment dont finalement nous ne savons rien résonne comme une invitation à l’attention. Veiller, c’est être attentif, être prêt, c’est le contraire d’être insouciant ou endormi. Veiller, c’est ainsi veiller sur soi-même. Cette invitation retentit déjà dans le Deutéronome lorsque le Seigneur donne la loi à son peuple: « Veilles sur toi, garde toi d’oublier les choses que tu as vues. . Qu’elles ne sortent pas de ton coeur, tu les feras connaître à tes fils et à tes petits fils ». Veiller c’est un exercice de mémoire. Et toute la liturgie qui est un mémorial est d’une certaine manière un exercice de mémoire où nous mettons nos pas librement, avec créativité dans ceux de ceux qui nous ont précédé. Comme le rappelle Paul s’adressant à Tite: « Applique toi à la lecture, à l’exhortation, à l’enseignement. Donne toi tout entier à ces choses. Veille sur toi-même . . . ». Veiller, c’est écouter les Écritures pour les mettre en pratique et les garder en mémoire. C’est à leur écoute, faire ce que saint Benoît donne comme instrument du bien agir: « Veiller à toute heure sur les actions de sa vie ». Veiller, c’est fuir la distraction, le divertissement pour être pleinement nous-même, à l’image du Christ.
Mais l’autre moment clef où le Christ demande de veiller, c’est au début de sa Passion lorsqu’il va prier au jardin des oliviers. « Mon âme est triste à en mourir, Demeurez ici et veillez avec moi », leur demande t’il. Et cette demande à laquelle les apôtres ont tant de mal à répondre, nous dit encore aujourd’hui deux choses. Veiller, ce n’est pas que veiller sur nous même dans ce qui pourrait n’être qu’une recherche autocentrée de perfection, c’est veiller avec le Christ et c’est aussi veiller sur notre frère dont contrairement à ce que dit Caïn, symbole de tous ceux qui haïssent, nous sommes le gardien. Veiller, c’est être un bon gardien de nos frères et de nos soeurs.
« Heureux ces serviteurs que le maître à son retour trouvera en train de veiller ». Veiller, et combien cela peut nous parler aujourd’hui, c’est espérer, attendre ce moment décrit par Isaïe où nous n’apprendrons plus jamais la guerre.
Veillez ou ne pas veillez, telle est donc bien la question.
Comme nous le dit le prophète et saint Benoît nous le rappelle. « J’ai résolu de veiller sur toutes mes voies, pour ne pas pécher par ma langue, j’ai placé une garde à ma bouche, je me suis tu et humilié et je me suis abstenu même de parler de choses bonnes ».
Veillez, c’est une disposition du coeur mais ce sont aussi des choix et des manières de faire bien pratiques. Veiller avec le Christ, c’est être uni à son corps et partager le sort les uns des autres, nos joies et nos peines, nos besoins et nos richesses. Veiller, ce n’est pas seulement être attentif, c’est être disponible.
Demandons au Seigneur en ce temps d’Avent, la grâce de la disponibilité.